Trois poèmes

Suage

Longues nuits cisaillées
Courtes journées d’éveil vif
Un temps fut long que je ne pensais plus vivre autre chose
Alors et voilà que
Des courses de petits enfants
Alors de la boue généreuse
Des crachins parsemés
Viennent à accueillir ces corps rieurs trop heureux de chuter pour encore se relever
Là, où il y avait des monceaux de boue jaunie par le soleil
Se trame en deux fois deux
Un quadrillage de plein fouet
Une terre nourricière
Une attente

Et, calfeutrée dans leur sommeil
La sève qui nourrit leurs danses
Frémit en deux cœurs
De palpitations si légères
Qu’il faut si bas respirer
Pour savoir qu’elles sont là
Et clignote l’orbite de ces sens
Jusqu’au doux réveil de la feuille qui pousse

Les masses deviennent limpides et la nage audacieuse

Cet épais brouillard se dissipe et investit les recoins du monde

Affublée d’un t-shirt lâche et doux, je suis là.

Vue.

Acon

On a cru à la source tarie.

On a cru qu’on pouvait résister.

On a cru à rien.

On a juste foncé.

On a cru qu’on devait continuer.

On a cru à la réaction.
On a pas pensé.

On a fait des choses.

On a fait trop de choses.

On a basculé.

On a rêvé peu, les yeux écarquillés.


On a cru que c’était bon.

ça s’est finalement posé.
Et le lendemain.

Occase

Une fois le paquet envolé, un voile de vivacité s’empare d’un corps laissé las depuis le matin. Ce corps avait été si tenté de s’échouer sur le parquet mouillé de la ville qu’il ne sait que faire de ce cadeau. Alors, il se met à gesticuler. Des morceaux de corps, éparses, se retrouvent à danser là où l’air s’était tu un moment. Les improvisations se succèdent tandis qu’on assiste à des glissements, des sauts et de discrètes vibrations phoniques. Les poumons se font discrets et alimentent à forte dose ce corps qui se libère. On aperçoit des fumets de chaleur, on attend. Un courant d’air sous mes omoplates. De denses réactions les caressent. Je plie.