Spirale

Je chante les choses désordonnées aboient.
Je suis un chien qui erre en spirale.
Je sens les mots fanés qui pèsent
ou remontent à la surface en flottant
impossible à dénombrer
on dira qu’ils ont existé
avant de se confondre une fois crachés aux yeux
d’épidermes lavés d’affronts

l’air devient visqueux
comme une colle
entre l’enclume et le marteau,
l’osselet tape un cri de feu
et ne saisit que les maisons et les voitures pourries

je pense limite mon visage aplati
faisant l’examen de mes ressors internes qui s’égaient
sur un trottoir en béton
quand je les regarde
poser leur pancarte neuve
paver le trottoir
prendre nos rues

J’enduis alors ma langue de bruits sonnés, grinçants
de pisse chaude et de râles
je ne veux pas de ta main sur mon épaule
ni ton mot sur ma tempe

Je ne cherche pas les raisons des souffrances
qui peinent à se rejoindre
mais bien la mécanique qui fait tinter l’horloge

où épuiser le temps des montres vieillies
m’égraine – je suis plusieurs, dirons-nous
assis chaque jour au même endroit
la rage au coeur comme hier
un vent insaisissable sur les visages.

je suis plusieurs