Sentiments particuliers #1

CE N’EST PAS DE L’OR que tu réduis
en poussière — tu ne sais pas ce
que c’est — ce pourrait être n’importe
quoi mais disons c’est maintenant et
pas un autre jour — il fait chaud tu
aimes le son du ventilateur
dans l’air lourd — du moment la matière
pointillée — rien de plus l’ajourage
des stores — l’instant d’où commencer

*

BON QUAND UN CHIEN ABOIE ce n’est presque
plus le matin — de nouveau le même
en rupture de stock — un poème
n’en découle pas forcément — il
faut qu’il s’y passe quelque chose ou
pas — après tout toi tu vas de a
à b — de petites additions
dont la somme s’efface — et tant pis
pour le reste la fièvre est dehors

*

TOUT EST COMME D’HABITUDE — à l’œil
nu la différence est minime ou
n’existe pas entre la maison
d’hier et celle d’aujourd’hui — attends
un peu puis reprends — le petit jeu
du temps s’est écoulé depuis les
cailloux — quelqu’un a fait le ménage
— après des journées passées à ne
rien faire tu ne sais plus quoi faire

*

AH ET AUSSI le silence
fait du bruit on dirait — un
panneau que personne ne
voit — mais qui sait ce que tu
peux entendre ici ou pas
— il fait vraiment un temps à
ne plus rien hiérarchiser

*

C’EST SOIT L’ÉTÉ soit les
priorités — toi tu
aimerais que l’on stoppe
la machine — voudrait-
elle — et voudrait-il le
contrepoids — faudrait ça

*

MAIS VOILÀ TU DIS on ne peut pas
compter sur la pluie — et chaque fois
que tu tombes sur une parole
qui te va tu la mets là — ce n’est
pas compliqué — ou parfois ça l’est
tu ne sais pas vraiment pourquoi — il
y a toujours des vides à remplir
— quelqu’un ailleurs dégage la voie
pour que pleuve quelque chose là

*

CE QUE TU AS EN MAGASIN
contre l’invisible — en soi
ce n’est rien d’autre que la
lumière au plafond — ça plus
la nuit opérationnelle
— un truc qui bipe au réveil
et que tout le monde éteint

*

TU APPUIES SUR ON ça fait beaucoup
de bruit et est-ce qu’il pense à ta
place — parce qu’on sait qu’un accident
est si vite arrivé — que fait-on
dans ce cas — ça ne te dit plus rien
les paroles — les sons très souvent
tu n’écoutes pas — quand tout le monde
est à l’arrêt peu importe en fin
de compte de savoir qui ou quoi

*

COMMENT DEPUIS LE BALCON tu
regardes un nuage se faire
sans qu’il ait à le décider
ni même à se faire à l’idée
de passer — et comment la tache
blanche qui à l’extrémité
de l’ongle est posée va finir
mais l’acte est lent par disparaître

*

TOUT CE QUI n’est pas moi
le ciel le banc la terre
tu le mets là — mais tout
ce qui est moi — ou plus
généralement toi
— tu le laisses nuageux

*

TU APPUIES SUR ON et tout
le monde entend-il ce que
tu entends — il y a des
fois où la voix se et d’autres
où bon — impossible de
te faire un dessin — l’air un
gros sac et mal animé

*

TU FAIS UNE PAUSE
dans de la musique
— trop introspective
flèche et qui se fiche
de ce qui se joue

*

BIEN SÛR TU AS DES DOUTES sur la
nature des — la suite à donner
aux choses prises dans cette chaîne
de cause à effet — c’est vu du ciel
mais depuis un fauteuil au salon
ça reviendrait au même — et puis l’air
la lumière on sait bien comment c’est
fait dans le fond — les jours se ressemblent
on en prend toujours un pour un autre

*

CE À QUOI TU PENSES
c’est considérer
les coutures toutes
et les autres choses
pour des nuits égales