Manque d'adresse

À l’attention de V :

Une tranchée de plus et mon biscuit s’effondre.

Le lait est suffisamment chaud pour pouvoir le consoler mais les froids tendent à durcir quand le biscuit fond.

J’y recuirai volontiers notre beurre mais alors il ne pourrait plus se garder.
 Mieux vaut le laisser tremper pour que sa tiédeur ne se ternisse.

À l’attention de S :

Au bord de la baie vitrée ce matin, j’ai entendu un faisan attendre.
 Il pleuvait. J’ai commencé une partie de recette.

Une fois les gouttes essuyées, la neige s’y posa. J’ai continué ma liste.

Plus tard, un courrier au nom faisandé sonna.
 L’odeur était telle que je mis mon masque de ville.

Maintenant debout, je peux sentir le bleu de ses yeux.

Dedans, j’y ai vu tes alentours.

À l’attention de K :

Il y a, sur chacune de tes routes, de nouveaux moteurs non immatriculés que j’aime à conduire. Sans aucune plaquette. J’y glisse en lunettes noires. J’y adhère.

Les directions prises donnent des secousses et moussent nos regards de rires.

Apprendre à descendre demande trop d’épaisseur et le soir, je préfère rester mince pour visiter les épingles.

Gardons-nous de se garer avant d’avoir lu les déserts mon frère.

À l’attention de L :

La rivière a pris la rescousse.

Je l’ai laissé filer.

Le lierre lui, rampe pour lui tenir l’haleine

Un mélange de vase et de lichen intensifie

les ombres qui nous couvent.

Gare aux assoiffés, les coupons sont nominatifs.

Cours plus vite que permis, qu’importe tes chevilles.

Mieux vaut voir le col après avoir tout bu, qu’avoir une colline sans vue.