100% Vengeance

Imaginons que quelqu’un m’agace tellement que je serais prêt à mettre en place une vengeance à la hauteur de ma haine. Appelons ce quelqu’un Paul.

J’attendrai dans l’ombre que Paul ait un jour un enfant. Le jour de la naissance du bambin, je le kidnapperai et m’envolerai illico presto vers une île déserte. Sur cette île, j’ai au préalable prévu des réserves abondantes de nourriture et d’eau. Durant des années, j’élèverai l’enfant en le faisant vivre uniquement de nuit et ainsi qu’il ne puisse voir le soleil à aucun moment de sa vie. Ne lui en parlant jamais et étant sa seule source de savoir, il ne pourra imaginer qu’il existe autre chose que la nuit et que la lumière peut venir d’autre chose que d’une ampoule ou de la lune. De plus, je l’élèverai en lui expliquant dès le plus jeune âge que son père viendra un jour le chercher ici et que nous serons sauvés.

Quinze années passeront sur cette île, jusqu’au jour où je contacterai Paul. Par je ne sais quelle manigance, j’arrive à le convaincre que son fils est avec moi et qu’il doit venir le chercher seul avec un zodiac. Je lui donnerai les coordonnées de l’île et préparerai l’enfant à la venue tant attendue de son paternel. Je lui expliquerai qu’il vont pouvoir enfin faire connaissance et qu’une bonne discussion se fait toujours sur un banc. Nous fabriquerons alors un banc que nous installerons orienté vers l’Est. De plus, nous brûlerons le reste de nos vivres pour pouvoir danser autour du feu des retrouvailles en l’attendant.

Je prévoierai l’arrivée de Paul vers les six, sept heures du matin, tout dépendra de la période de l’année mais passons.

Paul arrivera, je l’accueillerai, son fils et lui seront si heureux de se voir.

— Vous avez surement plein de choses à vous raconter, allez discuter sur ce banc que nous avons fabriqué, leur dirais-je. Ils s’assiéront alors.
— Je te cherche depuis quinze ans fiston, quinze ans ! Je suis si heureux ! lui dira Paul en larmes.
— Papa ! Papa ! J’ai attendu ce jour toute ma vie, répondra son fils lui aussi en larmes.
— J’ai tant de questions, mais quelle joie ! Nous allons pouvoir profiter de notre premier moment père-fils devant un magnifique lever de soleil.
— Un quoi ? demandera le fils.
— Un lever de soleil, lui dira son père.
— AAAAAHHHHHHHH, criera de douleur le fils, les rétines bouillonnantes et la peau carbonisant devant les premiers rayons de soleil de sa vie.
— Oui c’est ça, laisse exprimer ta joie fiston ! dira Paul ne comprenant pas ce que subit son fils.

Mais à la vue de son rejeton en train de se rouler par terre de douleur, Paul déchantera vite quand il se rendra compte de ce qu’il se passe.

Une fois ses larmes de joie transformées en chagrin, j’apparaitrai par-derrière et ferai un rire gras de vengeance lui faisant comprendre que tout cela n’était qu’un plan parfaitement manigancé.

Ensuite je m’enfuirai en vitesse avec le zodiac. Paul sera alors face au dilemme de se laisser mourir ou bien d’espérer voir un jour un bateau à l’horizon qui viendrait le sauver. Mais pour cela il faudra qu’il reste en vie et sera alors contraint de dévorer le macchabée de son fiston. Qui plus est, je rentrerai acclamé par ma famille et mes amis qui me penseront disparu depuis quinze années.

Vengeance accomplie !